La décision avait l’air d’un coup de passe-passe. Mardi 13 juillet, dans la soirée, le ministre de la santé a annoncé que le délai permettant d’être considéré comme protégé par le vaccin allait être réduit de moitié. « Désormais, seuls sept jours suffiront pour être considéré comme totalement protégé en France et accéder au passe sanitaire », a-t-il expliqué. Si la mesure permettra de faciliter la vie de nombreux Français pris de court par l’extension en août du passe sanitaire, est-elle fondée scientifiquement ?
Pour le vaccin de Pfizer-BioNTech, qui représente la grande majorité des injections en France, les chiffres les plus solides concernant l’efficacité réelle de la vaccination peuvent être trouvés dans une étude israélienne parue au mois de mai, fondée sur les données des contaminations, des hospitalisations et des décès au niveau national portant sur les quatre premiers mois de la campagne vaccinale.
Différence marginale
Le résultat tend à accréditer la décision annoncée par Olivier Véran : si le niveau de protection augmente bel et bien entre sept et quatorze jours après la deuxième injection, la différence est marginale, de l’ordre de 0,7 à 2,3 points de pourcentage selon les catégories observées.
Mais cette étude s’est achevée alors que le variant Delta n’était pas encore présent en Israël. Selon les récentes données publiques anglaises, écossaises, israéliennes et canadiennes compilées par le Financial Times, celui-ci diminue l’efficacité du vaccin de Pfizer contre l’infection symptomatique, estimée entre 63 et 95 % selon les pays avec un schéma vaccinal complet.
Peu de publications permettent pour l’instant d’évaluer de manière extrêmement précise l’impact du temps écoulé après la dernière dose pour lutter contre le variant Delta. Une étude parue mi-juin dans The Lancet portant sur la population écossaise montre que le niveau de protection offert par le vaccin de Pfizer contre une infection, c’est-à-dire le risque d’être positif au virus, est moindre, et n’atteint son plus haut niveau qu’après quatorze jours ou plus, sans préciser exactement à quel moment se situe le pic de protection.
En revanche, aucune différence significative ne ressort au niveau des infections symptomatiques. Le niveau de protection décroît même avec le temps, semble montrer cette même étude, qui, biais à prendre en considération, ne distingue pas les individus qui ont achevé leur schéma vaccinal il y a deux semaines de ceux qui l’ont terminé il y a plusieurs mois.
Concernant les formes graves nécessitant une hospitalisation, le dernier rapport hebdomadaire de Public Health England, l’agence de santé publique de l’Angleterre, chiffre à 80 % l’efficacité du vaccin Pfizer contre le variant Delta après une dose et 96 % après deux doses, mais ne précise pas les délais pris en considération.
Correction du 15 juillet 2021 à 12h20 : une version précédente de cet article contenait le doublon involontaire d’un graphique. Les deux derniers graphiques de cet article affichent désormais les données correctes.
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