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TRIBUNE

Anticiper la fin des supermarchés

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La disparition programmée des grandes surfaces ne doit pas être une fatalité. Au contraire, c’est une opportunité pour repenser le développement local sur de nouvelles bases comme celles de débitumer, dépolluer, réensauvager.
par Max Rousseau, Chargé de recherche en science politique à l'UMR 5281 ART-Dev, Montpellier
publié le 31 juillet 2021 à 8h40

Un demi-siècle après l’apparition des premières friches industrielles, traverser la France en juillet 2021 offre l’occasion d’un nouveau traumatisme visuel : celui des friches commerciales. Car désormais, celles-ci ne concernent plus seulement les devantures vides qui parsèment tristement les rues commerçantes des villes moyennes, à laquelle on avait fini par s’habituer. Elles s’offrent à tous les regards puisqu’elles touchent désormais les entrées de ville, longtemps symboles de l’hypermodernité, mais dont les parkings vides et les entrepôts fermés déploient désormais une nouvelle imagerie du déclin urbain. Les causes sont bien connues : prise en tenaille entre une demande de relocalisation alimentaire accrue par les ruptures de stock apparues lors des confinements et la facilité, souvent moins avouable, de la livraison à domicile, la grande distribution semble, à terme, condamnée.

Faut-il s’en réjouir ? Non, tant le règne annoncé du capitalisme de plateforme, qui repose sur la destruction de l’emploi local et l’exploitation d’une main-d’œuvre corvéable à merci comme de producteurs mis en concurrence à l’échelle internationale, s’annonce encore bien pire. Mais il n’en faut pas moins passer sous silence les immenses dommages causés par cette forme commerciale longtemps hégémonique. Il ne s’agit pas seulement de l’appauvrissement psychique de consommateurs «perdus» entre des rayons promotionnels, à la recherche d’une introuvable «personnalité authentique» (comme dans la

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