L’Autorité palestinienne mène l’une des plus vastes campagnes d’arrestations politiques depuis des années contre des Palestiniens en Cisjordanie, avec au moins 94 personnes arrêtées au cours des deux derniers mois, indique le média panarabe Al-Jazeera.

“Parmi les personnes arrêtées figurent des étudiants et des journalistes, dont au moins 20 sont toujours en détention, selon l’ONG Lawyers for Justice, basée à Ramallah. Aucun n’a été inculpé et la plupart ont été libérés après dix jours de prison”, précise le média.

Selon Mouhannad Karajeh, président de Lawyers for Justice, “il s’agit d’une des plus vastes campagnes menées depuis au moins 2012”, tandis qu’un “nombre important de détenus ont signalé des mauvais traitements et des tortures en détention”.

La majorité des personnes arrêtées sont des militants du Hamas ou du Djihad islamique palestinien et, dans une moindre mesure, des personnes affiliées au parti au pouvoir, le Fatah, et à l’organisation marxiste Front populaire de libération de la Palestine (FPLP).

“Instructions fermes” et cas de torture

L’Autorité palestinienne est fréquemment critiquée par des groupes de défense des droits humains pour ce qu’ils qualifient d’“arrestation et torture systématique” d’étudiants, de journalistes et de militants politiques opposés au pouvoir en place.

Interrogé par Al-Jazeera, le porte-parole des services de sécurité palestiniens, Talal Dweikat, a reconnu la vague d’arrestations menée par l’Autorité, la justifiant comme nécessaire.

“Il y a des instructions fermes du président Abou Mazen [Mahmoud Abbas] […] concernant l’importance d’exercer toutes les pressions possibles pour faire face à toutes les (éventuelles) manifestations de chaos et de désordre dans la rue palestinienne.”

Le cas d’un détenu, Ahmad Hreish, a défrayé la chronique, le jeune homme de 28 ans ayant été détenu dans une cellule d’isolement pendant plus de cinquante jours dans la prison de Jéricho, surnommée localement “l’abattoir” – connue pour être le lieu où les détenus politiques sont envoyés et torturés, rapporte enfin Al-Jazeera.

Cette vague d’arrestations survient alors que Mahmoud Abbas, 86 ans, est de plus en plus contesté au sein de la rue palestinienne pour ses pratiques autocratiques, son népotisme et sa politique accommodante à l’égard d’Israël.