Le temps a tourné et les deux amies ont quitté la plage de la Côte des Basques et rangé leurs surfs pour prendre un café dans le centre de Biarritz (Pyrénées-Atlantiques). Les deux jeunes femmes se sont installées dans la cité balnéaire juste avant la pandémie pour l’une, après le premier confinement pour l’autre, et ont découvert les affres de la crise du logement qui frappe le Pays basque.
Comme pour leurs nombreux amis surfeurs, trentenaires, web designers, télétravailleurs ou professeurs de yoga, attirés par l’océan, le bail de leur maison est illégal et les laisse à la merci de leurs propriétaires. « Depuis deux ans j’habite à l’année une maison Airbnb en colocation, avec un bail “provisoire”, d’où nous sommes virées au mois de juin. Puis nous revenons en septembre, raconte Juliette (les prénoms ont été changés). Notre loyer mensuel est de 2 100 euros, mais en juillet et en août, la maison est louée entre 2 500 et 3 000 euros la semaine. »
Pendant les vacances d’été, elle « squatte un peu chez des copains », puis retourne avec ses affaires chez ses parents, à Bordeaux. Pauline a habité dans plusieurs logements successifs, souvent en sous-location pour quelques mois, « grâce à des connaissances, sinon on ne trouve rien ». « C’est super angoissant, dès que je regarde les annonces j’ai la boule au ventre : ici on ne trouve que des baux étudiants, de septembre à juin, alors qu’il n’y a aucune université dans le coin », poursuit-elle.
A quelques pas de là, dans les étages de l’imposant bâtiment municipal Art déco, la maire Les Républicains (LR) de Biarritz, Maider Arosteguy, reconnaît que la crise du logement, ancienne au Pays basque, est devenue « paroxystique ». « Depuis l’arrivée en 2015 ou 2016 des plates-formes Airbnb ou Abritel, des habitants et des investisseurs ont pris de conscience de la manne financière que représentait la location saisonnière, grâce au flou de la réglementation et à une fiscalité avantageuse, explique l’édile. Au début, ça leur fait une poire pour la soif ou un petit quelque chose pour la retraite, mais avec la crise du Covid et l’attrait pour les stations balnéaires, ça a fait exploser la demande de logements et les prix de l’immobilier à l’achat, de 30 % à 40 %, sur un marché déjà très élevé. »
Conséquence : la ville manque de main-d’œuvre, déplore la maire de Biarritz. « Il y a une tension énorme sur les métiers de l’hôtellerie, de la restauration, du BTP, des services à la personne, et même de l’esthétique, constate-t-elle. Par contre, des profs de yoga, de Pilates, des coachs en bien-être et en embrassage d’arbre, j’en ai dans tous les quartiers. »
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