La communauté scientifique “s’accorde largement sur le fait qu’une ancienne planète s’est probablement écrasée il y a des milliards d’années sur la Terre, alors en formation, créant des débris qui ont fusionné pour former la lune”, observe CNN.

Une hypothèse assortie cependant d’un mystère tenace : “Qu’est-il donc arrivé à Theia” après la collision ? Selon la chaîne américaine, “les preuves directes de son existence” restent inexistantes, “aucun fragment de la planète n’ayant été trouvé dans le système solaire”.

De nombreux scientifiques supposent que les débris laissés par Theia sur Terre ont “fondu dans le chaudron ardent” qui constitue le cœur de notre planète. Mais une nouvelle théorie suggère que “les restes de l’ancienne planète, en partie intacts, pourraient être enfouis sous nos pieds”.

L’audacieuse hypothèse a fait l’objet d’une publication cette semaine dans la revue Nature. Son auteur principal, Qian Yuan, chercheur en géodynamique à l’Institut de technologie de Californie (CalTech) trouvait “très, très étrange” qu’il ne reste pas de trace visible de Theia, dont la collision avec notre planète a été “l’évènement le plus violent subi par la Terre”.

Le chercheur a fait le rapprochement avec un autre mystère, géologique celui-là, qui intrigue les scientifiques depuis une quarantaine d’années. Dans les années 80, deux énormes masses rocheuses avaient été découvertes à 2 900 km sous la surface de la Terre, à l’aide d’ondes sismiques.

Plusieurs hypothèses

Posées au fond du manteau terrestre, la couche séparant le noyau de la Terre de sa croûte, ces masses de la taille d’un continent chacune, plus chaudes et plus denses que le milieu qui les entoure, se situent sous l’Afrique et l’Océan Pacifique. Pour M. Yuan, leur présence incongrue au centre de la Terre pourrait en faire les “reliques” de Theia.

“M. Yuan a proposé son idée pour la première fois dans un article qu’il a soumis en 2021, rejeté à trois reprises”, ses pairs estimant “qu’il manquait une modélisation suffisante de l’impact géant”, rapporte CNN.

Mais les recherches d’une autre équipe de chercheurs ont permis depuis de relancer son hypothèse : “leurs travaux, qui attribuaient une certaine taille à Theia et une certaine vitesse d’impact dans la modélisation, suggéraient que la collision de l’ancienne planète n’avait probablement pas entièrement fait fondre le manteau terrestre, permettant aux restes de Theia de se refroidir et de former des structures solides” en son sein.

La chaîne américaine souligne cependant qu’il existe d’autres hypothèses pour expliquer l’existence de ces masses rocheuses – il pourrait par exemple s’agir d’amas de “croûte océanique qui se seraient enfoncés dans les profondeurs du manteau au fil de milliards d’années”.

S’il juge la théorie de M. Yuan “très convaincante”, Seth Jacobson, professeur adjoint de planétologie à la Michigan State University, ne doute guère que le débat “dure encore longtemps”.