Premières condamnations en justice des anti pass sanitaire

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Premières condamnations en justice des anti pass sanitaire

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Deux hommes interpellés samedi dans la capitale lors de la manifestation contre le pass sanitaire ont été jugés ce lundi après-midi en comparution immédiates devant le tribunal correctionnel de Paris
Deux hommes interpellés samedi dans la capitale lors de la manifestation contre le pass sanitaire ont été jugés ce lundi après-midi en comparution immédiates devant le tribunal correctionnel de Paris
© AFP -  Hans Lucas / Sergio Diaz Rengifo

Deux personnes interpellées samedi en fin de journée dans la capitale lors de la manifestation contre le pass sanitaire ont été jugées ce lundi après-midi en comparution immédiate devant le tribunal correctionnel de Paris pour s'en être prises aux forces de l'ordre.

Jet de projectiles, coup de pied, injures et rébellion. La troisième mobilisation contre l'extension du pass sanitaire a rassemblé samedi 200 000 personnes en France, et donné lieu à 72 interpellations, dont 26 à Paris. Deux hommes ont été déférés au tribunal, ce lundi après-midi, pour y être jugés en comparution immédiate, notamment pour "violences sur personne dépositaire de l'autorité publique". 

"Deuxième manifestation, par conviction"

Le premier prévenu a tout juste 20 ans et une carrure de sportif. Maxendre L. fait actuellement  son service civique à Pôle emploi à Beauvais, il a un casier judiciaire vierge. C'était "sa deuxième manifestation, par conviction". Sans vouloir en dire plus. Face au tribunal, le jeune homme conteste formellement avoir lancé un projectile sur des gendarmes mobiles et les coups portés ensuite lors de son interpellation par des "BRAV", des policiers de la préfecture de police de Paris. La procureure insiste alors sur le fait qu'il avait une deuxième tenue sombre dans son sac, sous-entendant comme les black blocs, les activistes de l'ultra-gauche. 

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"Supputation", réplique un homme d'une cinquantaine d'années dans l'assistance qui lève le doigt pour prendre la parole. Refus immédiat de la présidente du tribunal qui lui explique que ça ne peut pas se passer comme ça. En fait, il s'agit du père du prévenu, qui n'a donc pas pu donner sa version des faits, à savoir que c'est lui qui aurait demandé à son fils de prendre une tenue de rechange, en cas de pluie, comme le week-end précédent où il était revenu trempé. 

Un père qui hurle sa honte, une heure plus tard, en quittant le tribunal, de voir son fils condamné à un mois de prison avec sursis et près d'un millier d'euros d'amende au total, entre le préjudice causé aux policiers et les frais d'avocats et de justice. Un père, furieux que des vidéos de la scène aient circulé ce week-end sur les réseaux sociaux et qu’elles n’aient pas été exploitées par les enquêteurs. 

Un "GJ" qui s'excuse et dit avoir "pété un plomb"

Le deuxième prévenu, qui sortait de garde à vue pour être jugé, présente un tout autre profil. Christophe A. adopte également une attitude totalement différente. Son avocat, Me Matteo Bonaglia, décrit le parcours assidu d'un "gilet jaune" qui manifeste tous les week-ends depuis trois ans sans qu'il n'y ait jamais eu le moindre débordement, la moindre poursuite à son encontre, aucun antécédent judiciaire.

Agent municipal de la ville de Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne), supporter du PSG dont il porte le maillot à l'audience (et qu'il portait déjà samedi dernier lors de son interpellation), en CDD depuis quatre ans, Christophe s'excuse d'avoir mis un coup de pied et insulté un CRS. Celui-ci est là, face à lui, ce qui est très rare dans ce genre d'audience, comme le soulignera d'ailleurs la procureure. 

Christophe avoue "qu'il a pété un câble" après avoir vu une vieille dame prendre un coup de bouclier et se faire gazer près de la place de la Bastille. Le trentenaire regrette également de s'en être pris au "mauvais" policier. Mais c'est justement de s'en prendre individuellement comme cela aux forces de l'ordre que lui reproche le ministère public, explique en substance la procureure, quelle que soit l'origine de l'agression et la gravité même relative des faits. Elle requiert malgré tout cinq mois de prison avec sursis, sans inscription de la condamnation au casier judiciaire, pour lui éviter de perdre son emploi. La magistrate espère que cette audience aura une "vertu pédagogique" pour les prochains week-ends. 

Le jeune policier CRS, a juste déclaré qu'il acceptait ces excuses pas si fréquentes de la part d'un manifestant, mais en rappelant que là on l'avait ciblé à titre personnel et que ça change tout dans son métier. 

Le tribunal a finalement condamné Christophe A. à trois mois de prison avec sursis et 300 euros pour le préjudice moral subi par le policier (qui n'a pas été blessé physiquement). À noter qu'aucun des deux prévenus, jugés ce lundi 2 août, n'a été interdit de manifestation pour les semaines, les mois à venir, en France. 

Plusieurs autres prévenus doivent être déférés ce mardi à Paris dont certains ont été interpellés en possession de matériel de pyrotechnie, selon nos informations.  

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