Pour Nathaniel Rich, ce que les gens appellent le “monde naturel” n’existe plus – pour autant qu’il ait jamais existé. Ainsi qu’il l’écrit dans son nouveau livre, Second Nature : Scenes from a World Remade [Seconde nature : scènes d’un monde remodelé, non traduit], “il ne reste à peu près aucune pierre, aucune feuille, aucun mètre cube d’air sur Terre qui n’ait été marqué par l’Homme”.

Les océans sont des masses d’eau tièdes et gonflées et des milliers d’espèces – certaines encore inconnues – sont en train de disparaître. Jusque dans notre sang, on retrouve des taux nocifs d’acide perfluorooctanoïque (APFO), un composé synthétique extrêmement persistant, responsable de nombreux troubles de la santé. Alors comment fait-on pour commencer à réparer le mal infligé à notre planète, et à nous-mêmes ?

“Je ne pense pas que l’on puisse se contenter de dire qu’il faut agir pour ‘défaire’ les dommages que nous avons causés, explique Nathaniel Rich. Bien sûr, nous devons essayer de rendre le monde meilleur. Mais quel monde voulons-nous créer ? C’est ça, la grande question.”

Lapin vert

L’humanité fait face à un problème de dimension inédite : nous avons triomphé du monde naturel – qui nous inspirait autrefois une si profonde terreur – de manière magistrale. Et maintenant qu’il est en train de disparaître, nous voudrions qu’il reprenne sa place. Alors que les dérèglements climatiques se préparent à nous faire payer la facture mondiale de tout ce que nous avons perdu, un nombre croissant de journalistes spécialistes de l’environnement se font l’écho d’un discours d’abord formulé par des écrivains naturalistes comme Alexander von Humboldt [1769-1859] : il est impossible de “ne pas toucher à la nature”, notamment parce que nous en faisons nous-mêmes partie.

Le livre Second Natur