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Le journaliste Jean-Pierre Elkabbach est mort

Homme de radio et de télévision, il avait fait de ses interviews, parfois rugueuses, d’hommes et de femmes politiques, des rendez-vous incontournables. Au terme du second mandat du président socialiste, il avait mené une longue série de conversations avec François Mitterrand, malade, débouchant sur un étonnant documentaire. Il est mort, mardi 3 octobre, à l’âge de 86 ans.

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Publié le 03 octobre 2023 à 22h08, modifié le 04 octobre 2023 à 07h13

Temps de Lecture 7 min.

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Jean-Pierre Elkabbach, alors animateur sur l’ORTF, à Paris, le 17 juillet 1976.

Ceux qui ne sont plus jeunes ont le souvenir d’émissions de télévision des années 1970, menées tambour battant par Jean-Pierre Elkabbach avec son complice – plus placide – Alain Duhamel. Les débats étaient particulièrement corrosifs avec Georges Marchais (1920-1997), alors secrétaire général du Parti communiste français, qui reprochait constamment à Elkabbach de lui couper la parole. L’humoriste Thierry Le Luron (1952-1986) résuma la chose en un « Taisez-vous Elkabbach ! », formule devenue célèbre, au point d’être prise pour titre du livre écrit par Jean-Pierre Elkabbach et son épouse – depuis 1974 –, la romancière Nicole Avril (Flammarion, 1982).

Jean-Pierre Elkabbach, qui est mort, mardi 3 octobre, à l’âge de 86 ans, a occupé le paysage audiovisuel français pendant plus d’un demi-siècle. Il a encouragé nombre de jeunes journalistes, les formant, à sa manière, méditerranéenne, éruptive, passant d’un éloge excessif à des colères disproportionnées pour le moindre retard à réagir ou à joindre la personne à interviewer.

Son goût du pouvoir ne l’a pas toujours rendu très courageux ni fort dans ses convictions. Toutefois son parcours demeure un grand destin de journaliste, avec une passion inentamée pour l’information, une curiosité insatiable, une ténacité et une longévité hors du commun. Mais, comme le disaient ses amis : « S’il arrête, il meurt. »

Incidents fâcheux

Sa carrière a commencé quand le général de Gaulle était au pouvoir. Il a interrogé tous les présidents de la République qui ont suivi et tous les hommes politiques de première importance. Alors, entre la passion pour la politique et la connivence avec eux, la frontière est parfois ténue. Avec Elkabbach, elle a été à plusieurs reprises un peu trop poreuse.

On lui reprochait aussi d’être de ceux qui sont « faibles avec les forts et forts avec les faibles ». Et de ne pas toujours assumer ses responsabilités. En témoigne un épisode particulièrement fâcheux, en avril 2008, alors qu’il dirigeait Europe 1. Le 21 avril, la station annonce la mort de l’animateur Pascal Sevran, nouvelle démentie aussitôt. Elkabbach a d’emblée parlé d’« erreur collective » avant de reconnaître cette « première grande faute de [sa] carrière ». Le journaliste a dû s’expliquer devant le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) et, en juin, il a été remplacé à la tête d’Europe 1 par Alexandre Bompard. Des incidents de ce genre ternissent une brillante carrière.

Brillante, cette carrière l’a été, mue par un dévorant désir d’être reconnu – et peut-être aimé – qui remonte à son enfance dans ce qu’elle a eu de tragique. A Oran, en Algérie, où il est né le 29 septembre 1937, son père meurt en octobre 1949 alors qu’il lit une prière à la synagogue. Jean-Pierre a 12 ans, il se promet de demeurer un « juif laïque » et de faire briller le nom de ce père trop tôt disparu.

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