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TRIBUNE

Pas de vaccin contre l’enfant-roi

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La pandémie de Covid-19 en Francedossier
L’opposition au pass sanitaire, voire au vaccin contre le Covid-19, évoque irrésistiblement ces enfants insupportables qui ont été élevés dans l’idée qu’ils sont le centre du monde, et que toute atteinte à leur volonté est une inacceptable offense.
par Nathalie Heinich, sociologue
publié le 20 juillet 2021 à 11h57

Il paraît que les Français se déchirent entre «pro-vaccins» et «anti-vaccins», que l’on se déchaîne sur les réseaux sociaux, que les repas de famille tournent au pugilat, que des amitiés explosent. Voilà donc qu’apparaît sous nos yeux un remarquable conflit de valeurs, propre à ravir les sociologues : sécurité ou liberté, respect des autorités sanitaires ou indépendance à l’égard du pouvoir, responsabilité ou autonomie. Et, en filigrane derrière le conflit de valeurs, l’opposition entre différents objets de valorisation : la collectivité ou l’individu, le bien commun ou le sujet doté de libre arbitre.

Esprits moutonniers ou esprits faibles

Ne faisant pas partie des «anti-vax», j’ignore comment ceux-ci voient les partisans de la vaccination : probablement comme des gens agis par la peur, des esprits moutonniers et obéissants face à l’autorité, prêts à se coucher à la première injonction (et injection) venue. Il m’est plus facile, en revanche, de décrire la façon dont les partisans de la vaccination (dont je suis) voient ses adversaires : comme des individualistes pour lesquels prime leur liberté personnelle ; comme des esprits se croyant forts pour lesquels l’opposition au «pouvoir» fait figure de vertu première ; comme des esprits faibles prêts à gober

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