Devant les vitrines du musée du Grand Orient de France, rue Cadet, dans le 9e arrondissement de Paris, mercredi 8 novembre, Emmanuel Macron écoute attentivement son guide, concentré. Le commissaire de l’exposition évoque ce moment, à la fin du XVIIIe siècle, de fortes rivalités entre les bourgeoisies catholique et juive, où l’institution maçonnique imposa à ses loges d’accueillir les juifs qui souhaitaient être initiés. Une ouverture qui n’allait pas de soi dans certaines régions – l’Assemblée constituante de 1791 n’avait pas encore accordé aux juifs la citoyenneté française.
Décidée durant l’été, cette visite inédite du président de la République au siège du Grand Orient, à l’occasion de son 250e anniversaire, intervient dans un moment où « l’antisémitisme refait surface, dans les mots, sur les murs », souligne Emmanuel Macron, et « s’affiche sans crainte et sans honte ». « S’en prendre à un juif, c’est toujours chercher à atteindre le projet politique qui le reconnaît libre et égal, c’est toujours chercher à atteindre la République », dit-il encore. Face aux « porteurs de haine », « la République ne transige pas et ne transigera pas », « nous serons impitoyables », promet le chef de l’Etat devant quelque 300 francs-maçons des principales obédiences (Grand Orient, Grande Loge, Droit humain, Grande Loge féminine).
Invité par le grand maître du Grand Orient de France, Guillaume Trichard, à « saisir la représentation nationale » afin de « faire évoluer notre législation sur la fin de vie », Emmanuel Macron lui donne satisfaction : le « droit de mourir dans la dignité » fera l’objet d’une « loi de liberté et de respect ». Le chef de l’Etat évoquait pourtant, dans sa lettre aux chefs des partis politiques le 5 novembre, la question de la fin de vie comme pouvant donner lieu à un référendum. Mais c’était simplement « à titre d’exemple », assure-t-on dans son entourage, et parce que ce sujet est « l’un des débats du moment ».
« Cette parole doit être plus forte »
Alors qu’il devait être présenté en décembre en conseil des ministres, le projet de loi devrait de nouveau être reporté au premier semestre 2024. Mais si les francs-maçons y sont favorables, la Conférence des évêques de France a exprimé, mercredi, à Lourdes (Hautes-Pyrénées) son « inquiétude » sur le sujet. « Une société humaine doit être fraternelle pour tous et pour toutes jusqu’à la fin de la vie, et promouvoir l’aide active à vivre », affirme Mgr Eric de Moulins-Beaufort, dans une allusion à l’« aide active à mourir » qui pourrait être retenue dans le projet de loi.
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