Le choix du candidat écologiste à l’élection présidentielle se fera entre Yannick Jadot et Sandrine Rousseau. L’eurodéputé écologiste et l’ancienne secrétaire nationale adjointe d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV) sont arrivés en tête du premier tour de la primaire écologiste, dimanche 19 septembre, avec respectivement 27,70 % et 25,14 % des voix, après quatre jours d’un scrutin organisé en ligne. Ils s’affronteront lors d’un débat sur LCI, mercredi soir.
Delphine Batho arrive troisième de ce premier tour avec 22,32 % des voix, suivie par Eric Piolle, le maire de Grenoble (22,29 %), et Jean-Marc Governatori (2,35 %). Le second tour, qui verra ainsi s’affronter deux lignes opposées, doit se tenir du 25 au 28 septembre.
Plus de 120 000 citoyens inscrits à la primaire écologiste avaient commencé à voter dès jeudi pour le premier tour. Moins de 14 % des inscrits étaient membres des mouvements du pôle écologiste organisateur, a fait savoir la responsable du processus, Hélène Hardy. Julien Bayou, le secrétaire national d’EELV, s’est réjoui de la participation : « 122 675 » inscrits « c’est un record pour nous, c’est historique », a-t-il déclaré dimanche soir. « On s’organise sérieusement pour 2022. Nous n’y allons pas pour faire de la figuration, nous y allons pour gagner », a-t-il assuré alors que les candidatures à la présidentielle se bousculent à gauche.
Un « clivage politique clair »
Les résultats ont été présentés à la presse au Pavillon des Canaux, dans le 19e arrondissement de Paris. Chaque candidat s’est exprimé dans la foulée, une manière de montrer une famille écologiste plus unie que par le passé. Yannick Jadot a plaidé à plusieurs reprises pour une « écologie de gouvernement, prête à assumer ses responsabilités ». « On ne peut pas s’offrir un quinquennat de plus d’Emmanuel Macron », a insisté l’eurodéputé, ciblant également l’extrême droite et Eric Zemmour, sans le nommer.
Quelques minutes plus tard, l’écoféministe Sandrine Rousseau a revendiqué sa « radicalité », car « le temps des petits pas et de l’accompagnement n’est plus le moment ». « Yannick Jadot porte une écologie que je respecte mais qui n’est pas la mienne, moi je suis une écologiste de gauche, radicale, sociale », a-t-elle prévenu, assumant « un clivage politique clair » avec son concurrent.
Avec la décroissance, « nous avons planté la première graine d’une idée dont l’heure est en train d’advenir », a scandé Delphine Batho à la tribune, ne se prononçant en faveur d’aucun des deux qualifiés pour le second tour. Eric Piolle n’a pas non plus donné de consigne. « L’écologie sort grandie de ces débats », a-t-il déclaré. Il a insisté sur le besoin d’une écologie qui « s’ouvre aux aspirations des Français », en particulier de « la jeunesse et des milieux populaires ».
« Ça donne un deuxième tour particulièrement ouvert », relève l’eurodéputé David Cormand, ex-numéro un du parti et soutien d’Eric Piolle. Les pronostics avaient été rendus difficiles par le quadruplement du précédent record d’inscrits pour une primaire écologiste, qui était jusque-là de 32 000 personnes, en 2011.
Désillusion pour Eric Piolle
« On n’a aucune idée du résultat, vraiment… Tout peut arriver », soufflait-on dans l’entourage de Yannick Jadot dimanche. Fort de son succès aux européennes de 2019, celui-ci jouissait du statut de favori. Dans l’équipe de Sandrine Rousseau, on se montrait « assez confiant pour aller au second tour ». « La campagne s’est déroulée comme on le souhaitait, on s’est lancés tôt, en octobre dernier, parce qu’il y avait du travail, et Sandrine a désormais une très belle visibilité », poursuivait-on dimanche.
L’outsider avait émergé médiatiquement lors des Journées d’été à Poitiers, avec notamment un discours très applaudi devant des milliers de militants. Des interventions tranchantes dans les médias au cours des semaines suivantes, au prix de quelques controverses, avaient achevé de faire de Sandrine Rousseau une postulante sérieuse au second tour.
De quoi désarçonner le camp d’Eric Piolle. Le maire de Grenoble était considéré comme le seul rival véritable de Yannick Jadot ces derniers mois. Le duel de la ligne bien ancrée à gauche a finalement penché en faveur de Sandrine Rousseau, qui a disputé à M. Piolle le vote des écologistes radicaux, qui attendent du futur président une confrontation avec le capitalisme pour hâter la transition écologique.
L’ancienne ministre Delphine Batho, qui a su imposer le thème de la « décroissance » dans les débats télévisés, avait aussi ses chances. Son principal handicap au départ était de ne pas appartenir à EELV. « Mais les adhérents sont désormais très minoritaires parmi les votants », voulait croire jeudi le député Hubert Julien-Laferrière, un de ses porte-parole. Jean-Marc Governatori, chantre de l’« écologie au centre », faisait quant à lui figure de Petit Poucet du scrutin.
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