De gauche à droite: Eric Piolle, Delphine Batho, Sandrine Rousseau et Yannick Jadot, à Paris le 12 juillet 2021

De gauche à droite : Eric Piolle, Delphine Batho, Sandrine Rousseau et Yannick Jadot, à Paris le 12 juillet 2021.

afp.com/GEOFFROY VAN DER HASSELT

Pour comprendre comment fonctionne la machine à perdre des Verts, mieux vaut demander à l'un ses membres. Ou plutôt à un ancien, le plus célèbre d'entre eux, le seul à avoir obtenu un succès électoral digne de ce nom, avec 16% des voix aux élections européennes. C'était en 2009 : il y a une éternité. Depuis, Dany Cohn-Bendit, 77 ans au compteur, n'a rien perdu de ses convictions, et sa colère envers ses ex-compagnons de route écologistes est intacte. Ceux qui "se sentent obligés d'afficher un révolutionnarisme de façade, d'enrober leur pratique réformiste dans du chocolat radical", confie-t-il à L'Express, furieux de voir ses anciens amis s'allier aux Insoumis de Jean-Luc Mélenchon.

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Il a raison : notre pays peut se targuer d'avoir les écologistes les plus nuls de la planète. D'ailleurs, les Français ne s'y trompent pas : en dehors de Noël Mamère en 2002, aucun candidat Vert à la présidentielle n'a réussi à dépasser le seuil des 5%. Réchauffement climatique, décarbonation, transition écologique ? Souvent, ces thèmes, qui font mouche auprès de la population, semblent devenus secondaires pour les Verts - sauf quand il s'agit bien sûr de dire non au nucléaire.

Tout se passe comme si ces derniers préféraient mille fois ratiociner sur le burkini, le patriarcat ou les brutalités policières, voire se chamailler entre eux. Heureusement, l'Europe ne les a pas attendus pour faire bouger les lignes de l'atome ou du carbone. Fervents partisans de la transition écologique, leurs (lointains) cousins de la Ligue verte finlandaise viennent de se convertir au nucléaire : le pragmatisme l'a emporté sur les vieilles barbes des années 1970. A Berlin, les Grünen ont quitté depuis longtemps leur confort idéologique pour se coltiner les contradictions du monde réel, en intégrant les exécutifs régionaux ou nationaux. Au moins, tentent-ils de faire bouger les choses.

En France, c'est un ancien patron du CAC 40 qui part en croisade contre le réchauffement climatique : Guillaume Poitrinal, auteur d'un essai vivifiant, Pour en finir avec l'apocalypse (éd. Stock), exhorte nos dirigeants à enfin s'attaquer au sujet grâce à un étiquetage carbone sur tous nos biens de consommation. "C'est quand même incroyable qu'aucun parti politique ne porte un tel projet", explique-t-il. La preuve qu'en France, on n'a pas de Verts, mais on a des idées.

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