Comment Wes Anderson a sublimé Angoulême pour le tournage de « The French Dispatch » ?

The French Dispatch, le dixième long-métrage de Wes Anderson, sort ce mercredi dans les salles de cinéma. Une œuvre riche en décors sublimes.
The French Dispatch  vire à Angoulême sur les lieux de tournage du film de Wes Anderson
2020 Twentieth Century Fox Film Corporation All Rights Reserved

Après des mois d'attente et un passage remarqué lors du dernier Festival de Cannes, The French Dispatch, le nouveau et très attendu film de Wes Anderson, est enfin sorti ce 27 octobre dans les salles obscures. Pour son dixième long-métrage, le cinéaste américain s'est installé en France, et plus précisément à Angoulême, où il imagine la vie et la mort d'un magazine américain intitulé The French Dispatch. Le film ne se déroule pas à proprement parler dans la capitale charentaise puisque Wes Anderson, dont l'univers rime souvent avec fantaisie et mélancolie, crée les contours d'une ville fictive baptisée Ennui-sur-Blasé. Un nom absurde qui mêle deux mots français qu'on peut retrouver dans le Oxford English Dictionary et qui représenterait, d'une certaine manière, l'esprit gaulois à l'international. 

The French Dispatch est à ce jour le projet le plus ambitieux de Wes Anderson au cinéma. En faisant le choix de mettre en scène quatre récits distincts, publiés dans ce magazine inspiré par le New Yorker, le réalisateur texan a souhaité représenter la France sous différentes coutures et à des époques distinctes, allant de 1930 à 1970. L'auteur de The Grand Budapest Hotel aurait pu choisir Paris, ville récurrente des cinéastes américains quand ils se décident à voyager, mais c'est finalement à Angoulême que Wes Anderson a posé ses bagages avec son armée de stars (plus de 40 noms connus au casting, dont Timothée Chalamet, Léa Seydoux et Frances McDormand). 

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Il fallait aller au-delà de la carte postale et offrir une vision qui soit pittoresque, sans pour autant être artificielle. Pour cela, comme l'explique le chef décorateur du film Adam Stockhausen dans les colonnes d'AD Magazine, l'équipe du film a d'abord mené des repérages sur Google Maps pour sillonner rapidement les rues de différentes villes. Au fur et à mesure de leurs recherches, le nombre de candidates a été progressivement réduit. Des « scouts » ont ensuite été envoyés sur place pour prendre des photos et s'imprégner de l'atmosphère. « Angoulême avait l’ancienneté et l’architecture qu’il nous fallait, mais plus encore que la vieille ville préservée, il y avait des rues sinueuses, des escaliers, un viaduc, et tout un empilement vertical d’espaces intéressants et uniques. Cela a donné des images magnifiques, et cela rappelle aussi certains quartiers de Paris, Lyon et d’autres villes françaises. La grande variété de pentes, d’escaliers, de passages et de virages qu’offrait la ville était assez stupéfiante. », raconte ce collaborateur régulier de Wes Anderson dans le dossier de presse de The French Dispatch.

Une fois arrivée sur place, l'équipe du film s'est installée dans une ancienne usine de feutre pour fabriquer les décors et les maquettes mais aussi y stocker tous les autres objets et costumes qui ont servi pendant la production. Selon Adam Stockhausen, ce sont près de 125 plateaux de tournage qui ont été créés pour les biens du long-métrage. Ce foisonnement exceptionnel se voit au travers de chaque image d'un film d'une grande inventivité formelle. Le tournage a démarré en novembre 2018 et s'est achevé quatre mois plus tard. Durant ce laps de temps, Angoulême est devenu un studio de cinéma à ciel ouvert. Des entreprises locales ont été appelées pour collaborer avec l'équipe américaine. Les poteries, fabriquées par les prisonniers dans le segment consacré à un détenu artiste joué par Benicio del Toro, ont été réalisées par des artisans. 

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La spécialité de la région, les charentaises, a également droit à son moment de gloire. « Tous les prisonniers du film portent ces pantoufles traditionnelles en feutre », confirme Wes Anderson. Les hôtels aux alentours ont aussi été pris d'assaut par toutes les célébrités du film. Benicio del Toro se souvient : « Nous étions tous logés dans le même hôtel, ou presque. Quand je descendais dîner, je me retrouvais au milieu de toutes ces célébrités, de tous ces acteurs que j’admire. Henry Winkler s’assoit et... me voilà en train de discuter avec Fonzie de la série Happy Days ! C’était très amusant, un peu comme les Golden Globes mais sans la pression, les discours et les caméras. » 

Plus de 27 millions d'euros ont été investis en France pour la production, ce qui en fait l'un des plus gros budgets jamais dépensés pour un film étranger réalisé en Hexagone. Du 18 octobre au 2 janvier 2022, une exposition gratuite a également lieu à Angoulême sur l'envers du décor de The French Dispatch, avec des photos de tournage mais aussi des décors visibles dans le film.

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