

Temps de lecture : 4 min
-
Ajouter à mes favoris
L'article a été ajouté à vos favoris
- Google News
La menace se rapproche, et les acteurs de l'énergie solaire font leurs comptes. Dans quelques jours, le gouvernement entend faire voter un amendement au projet de loi de finances qui pourrait fragiliser une partie de la filière. C'est en tout cas ce que craignent les professionnels du photovoltaïque : cet amendement vise à réduire le prix auquel ils vendent leur électricité, alors que ce tarif était censé être garanti pour vingt ans. Du côté du gouvernement, on invoque l'intérêt général, ces tarifs étant à ses yeux exagérés ; du côté de la filière, on peste contre l'irrespect de la parole donnée. « Il est inacceptable de remettre en cause ce qui a été accepté il y a dix ans », dit Nicolas Wolff, vice-président de Boralex, une grosse société canadienne d'énergies vertes.
Lire aussi L'éolien veut plus de moyens
Il y a une dizaine d'années, pour soutenir l'essor des énergies renouvelables, le gouvernement instaure un système de tarif de rachat garanti de l'électricité produite par le vent, mais aussi par le soleil. Les panneaux photovoltaïques sont alors très coûteux, et les professionnels ont besoin d'assurance pour investir des sommes importantes. « Les panneaux valaient dix fois plus cher qu'aujourd'hui », explique Nicolas Wolff. Les professionnels établissent donc leur plan en intégrant l'ensemble de ces coûts pour vingt ans, qui est la durée de vie des panneaux, et en tablant sur un prix de vente de l'électricité fixé à l'avance. Il est alors d'environ 300 euros le mégawattheure.
Le prix du solaire divisé par cinq
Mais, au fur et à mesure des années, les coûts baissent. Celui des panneaux est donc divisé par dix environ. Grâce à des améliorations sur l'ensemble des installations, les sociétés du photovoltaïque parviennent désormais à produire une électricité à très bon marché, au point que le solaire devient l'énergie renouvelable qui se développe le plus dans le monde. « Nous sommes devenus ultracompétitifs, assure Nicolas Wolff. En 2020, la filière est parvenue à faire baisser le coût de l'énergie de 7 %, et les derniers appels d'offres aboutissent à un tarif de l'électricité de 57 euros le MWh, ce qui équivaut au coût du nucléaire ». En clair, le prix de l'énergie produite par le soleil a été divisé par cinq en dix ans.
Lire aussi Un spécialiste du solaire et de l'éolien devance désormais ExxonMobil à Wall Street
Mais, comme un revers de la médaille, ces efforts de la filière se retournent contre elle. Le gouvernement trouve que la facture des années passées est lourde. « Ce dispositif coûte 20 milliards d'euros pour dix ans, pour seulement 1 % de la production d'électricité nationale ! », confie-t-on dans l'entourage de Barbara Pompili, la ministre de la Transition écologique. De plus, les tarifs négociés une décennie plus tôt semblent exorbitants, comparés à ceux d'aujourd'hui. Le gouvernement invoque donc l'intérêt général pour imposer un tour de vis.
Une première tentative, signée du député Julien Aubert, a avorté : l'élu LR du Vaucluse voulait renégocier tous les tarifs des énergies renouvelables. Une deuxième pourrait aboutir, dans les prochains jours. Elle viserait soit à raccourcir la durée des contrats soit, hypothèse privilégiée, à rogner de 30 à 40 % les tarifs garantis il y a une dizaine d'années pour le photovoltaïque. « On pourrait revenir aux prix du marché », précise-t-on au ministère de la Transition écologique. Tous les parcs solaires ne seraient pas visés : seuls ceux mis en service avant 2011 le seraient, ainsi que ceux supérieurs à une puissance de 250 kWc (kilowatt-crête), ce qui exclut les petites installations des particuliers. Au total, quelque 850 contrats (sur 235 000 visés au départ par le ministère) seraient concernés. Grâce à ce revirement, l'État économiserait 400 millions d'euros.
Risques de faillite
La profession du solaire est encore un peu dans le flou. « On ne sait pas encore à quelle sauce on va être mangé », confie Nicolas Wolff. Elle comprend mal, en tout cas, la position du gouvernement, qui place les énergies renouvelables en bonne place dans ses priorités, mais fragilise la filière. Nicolas Wolff estime ainsi que les banques, inquiètes de ce revirement, pourraient durcir leur position. Elles ont en effet investi, au total, environ un milliard d'euros dans ces installations. « On va probablement assister à une dégradation des conditions de financement », dit le vice-président de Boralex. L'argent coûterait donc plus cher pour les entreprises du solaire, compliquant leurs projets. De même, selon la profession, les économies réalisées sur les tarifs de rachat pourraient s'évaporer dans le coût des crédits, possiblement réévalué. Elle s'inquiète aussi des risques de faillite des petites sociétés, incapables de rembourser les emprunts calculés avec une rentabilité garantie il y a dix ans.
À Découvrir
Le Kangourou du jour
Répondre
Lire aussi Quand trop d'énergies renouvelables privent la Californie… d'électricité
La filière craint que la volonté du gouvernement ne s'étende aux éoliennes, que souvent ces sociétés installent aussi. « Quand on s'attaque à un secteur, on ne sait pas où ça s'arrête », s'inquiète Nicolas Wolff. Le gouvernement n'aurait pourtant pas l'intention d'étendre à l'éolien le serrage de vis imposé au solaire. Il veut surtout mettre fin à une « anomalie », dit un proche de Barbara Pompili : ces opérateurs qui, il y a dix ans, ont continué à empocher les tarifs d'achat élevés alors que les coûts avaient déjà largement baissé. « On a à cette époque alimenté une bulle », dit-on dans l'entourage de la ministre. Le gouvernement rassure la filière : en 2021, il investira 2,9 milliards d'euros dans le solaire.
Où avez-vous lu que le coût du nucléaire n'incluait pas celui des déchets ?
Non seulement il est intégré à ce coût (et ...pour l'assumer EDF doit provisionner chaque année de quoi assurer la gestion de ces déchets, même à long terme), mais ce coût a plusieurs fois été validé par la Cour des Comptes (voir notamment les rapports de 2012 et 2014).
As t(on hésité à remettre en cause le système de revalorisation des retraite spuis à le torpiller et le faire disparaîtr...e ? Réduire les avantages d'une électricité qui coûte dix fois plus cher que l'électricité issue du nucléaire ou des barrages hydro électriques est normal. Ceux qui se gavent avec cette pseudo électricité verte ont assez gagné d'argent sur notre dos.
Je ne comprends jamais bien cette question du recyclage qui est soulevée des que le sujet PV est posé : à part au début ...ou des panneaux contenaient des éléments polluants, la majorité de ceux installés sont inerte comme vous le mentionnez, donc au pire, ils restent là où ils sont. C'est d'ailleurs le mieux à faire s'il rendent par ailleurs un autre service : ombrière de parking, étanchéité du toit quand pose directe...